Visuel Fred Pallem au Cabaret Sauvage. 5 septembre 2008
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Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Juliette Paquereau au chant - Fred Pallem au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Juliette Paquereau au chant - Fred Pallem au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Fred Pallem et Le Sacre du Tympan au Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
La salle sous le chapiteau du Cabaret Sauvage - 5 septembre 2008
Ensemble de claviers vintage, Korg et autres merveilles d'époques
Clavier Arp Solina String Ensemble
Patricia de Roubaix
Clichet de paparazzi : retour du Cabaret Sauvage - Yves Josso, ami de François de Roubaix, Claire sa femme, Patricia Smiley et Patricia de Roubaix.
Crédit photos : Alex Mas/P. Smiley - Crédit vidéo : Gilles Loison
Vidéo
Fred Pallem - La Scoumoune (extrait)
Vidéo
Juliette Paquereau- Boulevard du Rhum (extrait)
Vidéo
Juliette Paquereau- Les Aventuriers (extrait)
Vidéo
Fred Pallem - L'homme Orchestre (extrait)

Un conseil, si vous avez en tête d’aller assister à un concert au Cabaret Sauvage, dans le 19e arrondissement de Paris, vous avez intérêt à être motivé. La salle, sous un grand chapiteau de cirque aux allures de hall de gare début 19e, est aussi belle que l’endroit est difficile et long à trouver. Et, après le spectacle, des vigiles en forme d’armoire vous pousseront avec insistance vers la sortie en vous accordant quand même l’extrême faveur de partir avec votre gobelet de bière éventée à la main. Ceci étant, l’endroit possède un réel charme. Enfin, bref, Fred Pallem (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Pallem) (http://www.myspace.com/lesacredutympan ) donnait un concert hommage à François de Roubaix au Cabaret Sauvage ce vendredi 5 septembre 2008 dans le cadre du Festival de Jazz à La Villette.

Mes goûts musicaux sont plutôt écclectiques mais je me reconnais une aversion toute particulière pour un certain type de jazz virtuose. Les techniciens qui s’envolent et qui s’oublient en improvisations et digressions interminables façon «broderie incontrôlée sur un thème choisi» m’exaspèrent. A ce niveau là, j’avoue être une brute inculte et réfractaire, traumatisée dès l’enfance par quelques concerts mal digérés et, lorsqu’il m’arrive encore d’être confronté à des soirées «musicales» de cette catégorie, j’en reviens avec des plaques d’eczéma et d’urticaire sur le visage et les avant-bras.

C’est donc avec une ouverture d’esprit assez étroite et la certitude que j’allais dérouiller que je me suis assis à une table sous le grand chapiteau du Cabaret Sauvage. Je fulminais. Par ma présence, je cautionnais inévitablement une soirée de festival de jazz (Aargh !!!) et, qui plus est, le massacre prévisible de la musique de mon musicien de film fétiche par une bande de jazzeux forcément intellos et furieusement créatifs. Comme dirait Audiard : «C’est curieux cette manie qu’ont les trentas et les quadras de vouloir rejouer à leur sauce les musiques de leur enfance sous prétexte de nostalgie puérile.» Sans parler de cette étrange conviction qui m’habite depuis toujours que je suis le seul à pouvoir aimer et apprécier la musique de François de Roubaix...

Et puis, en balayant la scène du regard, je tombe sur un étrange assemblage de synthés bien vintage. Echaudé par un précédant concert hommage où les flutes et les trompettes remplaçaient sans aucun scrupule les claviers électroniques de François de Roubaix, l’espoir me vient d’entendre un ou deux titres à peu près correctement interprétés.
Les lumières de la salle s’estompent, celles de la scène se précisent et, sans préambule, la bande des musiciens attaque. Trois types devant des claviers (fichtre !), un batteur et Fred Pallem à la basse... Coup en plein cœur, un arpégiato hystérique éclate, réalisé par des roulements à deux doigts sur les touches du clavier, suivi d’une nappe sous-marine et nébuleuse sur un pulsement de la grosse caisse et de la basse, du son pur et brut De Roubaix. Atypique ! Pour une fois, on ne nage pas dans le remix simpliste ni dans la transposition pompier. Cool, en plus ce n’est pas Chapi-Chapo ! Deux bons points pour Fred Pallem. Le bonhomme a pioché direct dans le répertoire électronique de De Roubaix. Et pas le plus simple. Les sons arrivent tout droit des années 70. Fabuleux et troublant. Je n’avais jamais entendu cette musique en direct sur scène. J’ai l’impression d’assister à l’enregistrement d’un morceau par De Roubaix et son compère, ami et ingénieur du son Jean-Pierre Pellissier.
Un titre, puis deux, trois... C’est hallucinant, que du bon, de l’électronique, le vrai De Roubaix visionnaire derrière ses claviers et ses tableaux de bord criblés de fiches et de connectique spaghetti. Mes thèmes préférés, ceux qui me foutaient la chair de poule quand j’étais gosse, ceux qui claquaient en plein générique, qui balayaient tout par des sons puissants et inconnus. Fred Pallem a foncé droit dans la difficulté ! Et la rareté avec quelques titres de films obscurs écrits par De Roubaix sous le pseudo de Cisco El Rubio. Je suis tétanisé, tous les poils du corps hérissés. Tout y passe, les arpégiato à ressort, la façon de jouer du batteur avec les halètements à contre-temps sur le charley et les roulements temporisants sur les toms (signatures typiques du Maître), les nappes atrocement mélancoliques des violons synthétiques qui remontent des profondeurs de l’océan entourées de mille gargouillis et bulles électroniques... et la guitare basse, ronde, claire et précise, unique, pulsant en battement de cœur. Les titres s’enchaînent, la notion du temps disparaît et je n’en reviens pas de la simplicité et de l’honnêteté avec laquelle le répertoire de François de Roubaix a été abordé. Aucune fioriture, aucune intellectualisation. Des mecs qui jouent du De Roubaix sans faire une musique pédante, empoulée et peu inspirée ! Des erreurs par ci par là, des gamelles et quelques embrouilles, des transitions naïves parfois, mais rien de déplacé, c’est pur et sincère comme du De Roubaix, ça accroche la feuille, avec un truc en plus, un je ne sais quoi de frais, un truc qu’aurait approuvé François de Roubaix. Mais surtout, ça bastonne. C’est de la vraie musique de film, de l’ambiance, du générique qui explose en pleine figure.
Le concert se termine sur la musique de La Scoumoune qui elle même se noie dans un rythme jungle mécanique et puis pouf ! Merci d’avoir été là, lumière, pas de rappel et c’est fini.
Ce qu’ils ont joué ? Je ne sais plus. Ils ont joué «L’homme Orchestre» avec un vide abyssal en remplacement du solo démentiel et inhumain à la trompette-trombone (forcément, le solo originel avait été enregistré puis passé en double vitesse par François de Roubaix), Les Anges (gros plantage de l’un des claviers lors d’un refrain) (vous voyez, je sais rester objectif par moment, pas payé par la bande à Pallem...), R.A.S., Adieu l’Ami, Boulevard du Rhum... Ca a duré longtemps en très peu de temps. J’en ai eu pour mes oreilles.

Ah oui, j’oubliais. Les musiciens. Une classe de gosses surdoués et touche-à-tout, un peu dissipés mais plutôt calés. Et la chanteuse, Juliette Paquereau. Belle voix à la rage contenue mais bien présente. Et aussi le sifflement frêle mais parfait de Fred Pallem sur Les Aventuriers. Et puis, si. Fred Pallem, quand même. C’est à cause de lui que je disserte en vrac et de travers. Et bien le gars est plutôt du genre sympa et chaleureux, un peu malgré lui. Et à nouveau, j’invoque Audiard qui aurait pû dire de Fred Pallem «Pas un grand communiquant mais on comprend parfaitement ce qu’il n’aurait pas voulu dire.» Le style du genre à s’emparer du micro puis à regretter aussitôt les quelques bafouilles qu’il lâche, acculé à conclure précipitamment des propos pas très clairs mais amusants. On ne peut pas toujours être au four et à la guitare... Et en plus, dès le début, il s’excuse, qu’il faudra pas être trop sévère avec eux, que leur répertoire est peut-être pas tout à fait au point, que c’est la première fois qu’ils le jouent en public... Faut arrêter avec l’auto-flagellation et comme aurait dit l’inspecteur Columbo : «Un homme qui joue De Roubaix comme ça ne peut être foncièrement mauvais.»

Voilà.
J’en frissonne encore.

Alors, pour compléter ce compte-rendu par un rien d’objectivité et d’information réaliste, j’ai quand même demandé au Spécialiste de François de Roubaix, Gilles Loison, présent ce soir là, de me dire ce qui s’est réellement joué.
Voici la liste des titres (non exhaustive ?) :

- Comment ça va j’m’en fous (L’atelier)
- Les anges
- Adieu l’ami
- RAS
- L’Antarctique
- Les Aventuriers
- Sur le boulevard du rhum (Boulevard du Rhum), chant : Juliette Paquereau
- Les Poneyttes, chant : Juliette Paquereau
- Ecoute le temps (Saint-Tropez vole), chant : Juliette Paquereau
- Et si on invitait James Dean (La Grande Lessive), chant : Juliette Paquereau
- Enterrement sous-marin (Les Aventuriers), chant : Juliette Paquereau
- L’homme Orchestre
- La Scoumoune


Programme du Cabaret Sauvage (http://www.cabaretsauvage.com) du vendredi 5 septembre 2008

Festival Jazz à la Villette Fred Pallem & Le Sacre du Tympan jouent François de Roubaix

«L’homme orchestre» - Hommage à François de Roubaix
Le Sacre du Tympan, orchestre emmené avec brio par Fred Pallem, est un creuset ludique où les mélodies sucrées d’André Popp se conjuguent avec des musiques issues de tous horizons, de Charles Ives au rock, jazz et rhythm’n’blues, le tout allègrement mélangé, voire bien secoué. Ce savant cocktail se décline, évolue au fil du temps et selon le nombre de musiciens présents. Fred Pallem s’attaque aujourd’hui à une création spécialement dédiée à la musique du compositeur et pionnier génial du home studio, François de Roubaix.

Fred Pallem guitare basse, voix

Vincent Taeger batterie
Vincent Taurelle synthétiseurs
Remi Sciuto synthétiseurs, flûtes
Daniel Zimmerman trombones
Julien Chirol trombones
Philippe Georges trombones
Lionel Segui trombones
Invitée:
Juliette Paquereau (Diving with Andy) voix
http://www.myspace.com/lesacredutympan

Entretien avec Fred PALLEM – Propos recueillis par Yves TAILLANDIER - 2009

Yves TAILLANDIER - Quelles sont tes affinités avec la musique de François de Roubaix ?

Fred PALLEM - Mon père avait les K7 des 3 volumes De Roubaix parus chez Barclay. On les écoutait en voiture, je devais avoir 6-7 ans, mais je m'en souviens parfaitement ! Je pouvais les fredonner et je n'étais pas musicien à l'époque. Mon titre préféré étant La Scoumoune ! Ce qui prime chez ce compositeur est, pour moi, la mélodie. Il possédait un sens de la mélodie hors du commun, naturel, imparable. Le genre de chose qui ne s'apprend pas!

YT - Comment t'est venu l'idée de lui rendre un hommage à travers ce concert ?

FP - Le festival jazz à la Villette en 2008, m'a commandé un programme autour d'un compositeur de musiques de film qui m'est cher. François de Roubaix est un de mes plus vieux souvenirs de musique donc, choix logique.

YT - Comment s'est déterminé le choix de la formation ?

FP - Par rapport à mon Big Band de 17 musiciens, je voulais une formation réduite qui se rapproche des instrumentations chères à De Roubaix. On avait tout en magasin! J’ai donc opté pour cette formation constituée de 10 musiciens sur scène : 3 synthétiseurs, 4 trombones, 1 flûte, basse électrique et batterie et quelques ajouts d’instruments de façon ponctuelle.

YT - D'après quels critères as-tu constitué le programme musical ?

FP - Je n'ai pas voulu faire un best of, mais MON best of pour la scène. Tous les thèmes de François ont un intérêt, bien sûr, mais je ne pouvais pas tout faire. J'ai choisi un set de titres qui me semble cohérent.

YT - Certains morceaux sont assez proches des versions originales. D'autres, au contraire, s'en écartent. Qu'est-ce qui a déterminé ces choix au moment de l'écriture ?

FP - Je me suis simplement laissé guider par le feeling de chaque titre. Selon moi, certains appellent l'improvisation, d'autres moins.

YT - Pour ce concert, tu as fait place également à des titres chantés qui n'ont d’ailleurs pas tous leurs textes d'origine. Peux-tu nous expliquer ces choix et ta collaboration avec Juliette Paquereau ?

FP - La partie chantée est très importante pour moi. La chanson est un style récurent chez De Roubaix, et l'occulter m'était impossible, d'autant plus que ce style m'est très cher ! J'ai suggéré des titres à Juliette qui a décidé à sa guise de chanter en anglais ou en français suivant son inspiration.

YT - Quelles sont les difficultés que tu as pu rencontrer durant l'écriture des arrangements ?

FP - Sincèrement aucune! Ce n'était que du bonheur! Le plus dur ayant été le choix des titres.

YT - As-tu une ou plusieurs anecdotes à nous confier sur cet hommage ?
FP - J'étais simplement mort de trouille comme rarement !!! Et très ému! Ainsi que tous mes collègues musiciens, on a rarement eu une trouille comme ça! Comme si François était dans la salle!

YT - Quelle suite penses-tu donner à ce concert ?

FP - Il va y avoir une suite bien sûr! Je vais travailler avec le vidéaste Alexandre Elkouby et en étroite collaboration avec Patricia de Roubaix sur des images d'archives qui illustreront le concert. DVD à suivre sans doute…